LA CONDUITE ACCOMPAGNÉE

Dès 15 ans, vous pouvez envisager la conduite accompagnée

Les accidents de la route représentent la première cause de mortalité chez les 15-24 ans. Leur inexpérience et leur goût du risque expliquent certains comportements dangereux. Vous envisagez avec votre enfant de suivre la conduite accompagnée (ou AAC pour Apprentissage anticipé de la conduite). Alors avant de décider, posez-vous la question suivante : votre enfant se sent-il prêt pour suivre cette formation et vous sentez-vous capable d’endosser la responsabilité d’accompagnateur ?

Si l’AAC ne donne pas de mauvais résultats en termes de sécurité routière, elle ne les améliore pas autant que l’on pouvait l’espérer. On a longtemps dit que l’AAC permettait de faire chuter considérablement le nombre d’accidents chez les jeunes conducteurs. Les chiffres les plus récents ne le confirment pas. Néanmoins, cette filière (moins de 30 % des candidats) reste fortement conseillée par les professionnels de la conduite et les assureurs.

L’AAC requiert temps, disponibilité, investissement, bonne entente entre parents et enfants… et un certain sens de la pédagogie. L’AAC a des avantages réels. Généralement pas plus coûteuse au final que la méthode classique, elle augmente les chances d’obtention de l’examen du permis de conduire dès le premier passage, diminue la prime d’assurance du jeune conducteur et réduit la période du permis probatoire de 3 à 2 ans.

Le taux de réussite à l’examen de conduite est bien plus important que par la filière classique (67,64 % de réussite contre 50,73 % en 2005).
C’est un aspect intéressant également d’un point de vue financier. Car en cas d’échec à l’examen, il est nécessaire de reprendre des heures de conduite.

La surprime de l’assurance du jeune conducteur baisse de façon significative. Un jeune conducteur de 18 ans formé par l’AAC pourra payer, pour une Renault Clio de 1999 assurée au tiers, près de 40 % en moins par rapport à un jeune ayant suivi la formation classique. Depuis la mise en place du permis probatoire le 1er mars 2004, un jeune conducteur ne possède plus que 6 points au lieu des 12 points du permis définitif. La durée du permis probatoire est de 3 ans pour ceux qui ont suivi la filière classique et seulement de 2 ans pour ceux qui ont suivi l’AAC.

La conduite accompagnée est une formation de longue durée qui permet d’obtenir une plus grande expérience de la conduite avant le passage de l’examen du permis de conduire. Elle comprend différentes phases :
une phase de formation initiale, dispensée par l’auto-école, qui comporte au minimum 20 heures de conduite sur la voie publique ; lorsque cela n’est pas suffisant (en fonction des capacités de l’élève), le moniteur suggère un nombre d’heures supplémentaires ; avant que l’auto-école ne délivre l’attestation de fin de formation initiale, l’élève devra aussi avoir réussi l’examen de l’épreuve théorique générale (ETG), communément appelé "Code" ;

ensuite, le jeune apprenti conducteur doit parcourir avec son ou ses accompagnateurs au moins 3 000 km sur une durée minimale de 1 an et maximale de 3 ans ; cette période est ponctuée de 2 rendez-vous pédagogiques d’une durée totale de 6 heures en présence de l’accompagnateur.
Le premier, entre 4 et 6 mois après la fin de la formation initiale.
Le second, dans les 2 mois avant la fin de la période de conduite accompagnée, lorsque 3 000 km ou plus, ont été parcourus.

L’un et l’autre comportent 2 phases qui se déroulent à 15 jours d’intervalle : une phase en circulation pour permettre une évaluation de la pratique de la conduite et une phase d’entretien (en groupe ou individuel) pour partager les expériences vécues et aborder des thèmes relatifs à la sécurité routière.

La conduite accompagnée n’est, et ne doit pas être, une conduite à deux. Par exemple, l’accompagnateur vérifiant l’angle mort pendant que l’apprenti contrôle de l’autre côté : on ne se partage pas les tâches ! L’apprenti conducteur est le seul « maître à bord » et doit être autonome. La formation ne doit pas se limiter à des trajets trop routiniers : pour enrichir l’expérience de l’apprenti conducteur, n’hésitez pas à varier les situations de conduite (jour et nuit / ville et autoroute / court trajet et long trajet / été et hiver…).

L’élève doit être âgé d’au moins 15 ans et avoir l’accord parental. Il doit suivre une formation initiale à l’issue de laquelle il doit avoir réussi l’ETG (le "code") et obtenu la validation de cette formation. L'accompagnateur doit etre titulaire du permis B depuis au moins 5 ans consécutifs, ne pas avoir été condamné pour certains délits routiers, et avoir l’accord de sa compagnie d’assurance pour faire cet accompagnement avec son (ses) véhicule(s). L’assureur peut refuser cet accord aux personnes condamnées au titre des infractions suivantes : homicide et blessures involontaires, conduite sous l’emprise d’un état alcoolique, délit de fuite, refus d’obtempérer, conduite malgré une suspension ou une annulation du permis de conduire.

La conduite accompagnée peut s’effectuer sur l’ensemble du réseau routier et autoroutier dans la limite du territoire national. L’élève doit respecter les limitations de vitesse imposées aux conducteurs novices :
sur les autoroutes : 110 km/h au lieu de 130 ou 100 km/h au lieu de 110 ;
sur les routes à deux chaussées séparées par un terre-plein central : 100 km/h au lieu de 110.
sur les autres routes : 80 km/h
Le véhicule utilisé n’a pas à être équipé de dispositifs spéciaux, mais doit impérativement avoir 2 rétroviseurs latéraux extérieurs. Le signe distinctif AAC doit être apposé à l’arrière de la voiture du côté gauche. Lors de la conduite, le livret d’apprentissage doit se trouver à bord du véhicule, ainsi que l’autorisation de l’assurance. En cas de contrôle, ces documents justifient que l’apprenti conducteur et son accompagnateur ont le droit de circuler sur la voie publique.

Votre rôle est essentiel : un jeune qui veut apprendre la conduite ne pense pas au risque d’accident. À vous de lui faire comprendre que les règles sont d’abord et avant tout faites pour sa sécurité et celle des autres.

Soyez vigilant lorsqu’il conduit : vous devez repérer ses erreurs et les lui signaler. Lorsqu’il fait une erreur, arrêtez-vous dans un endroit sûr et analysez avec lui cette erreur, ses conséquences éventuelles et le comportement adapté à cette situation.

Dispensez toujours vos remarques avec calme. Des commentaires nerveux et colériques ne feraient que crisper le conducteur. Soyez patient : il compte sur vous et rappelez-vous qu’il apprend et qu’il n’a pas encore votre expérience.

Êtes-vous prêt ?

Dans une période où la communication parents/enfants est souvent difficile, la conduite accompagnée n’est pas une mince affaire, mais elle peut être aussi l’occasion de créer du lien. La formule n’est possible que s’il règne entre vous et votre enfant un climat de confiance, si vous pouvez y consacrer du temps, de l’application et de la patience. L’apprenti conducteur risque parfois de remettre en cause votre propre conduite: vous devrez être capable de vous remettre en question. La conduite accompagnée ne doit pas être vécue comme une contrainte. L’envie doit donc être réciproque.

L’accompagnateur doit être aussi sobre que l’apprenti conducteur !
Au même titre que le conducteur, l’accompagnateur peut subir les mêmes contrôles : permis de conduire, attestation d’assurance, mais aussi, alcoolémie et stupéfiants.
Il risque donc, lui aussi, des sanctions s’il est positif aux tests ou s’il refuse de se soumettre aux épreuves de vérification (amende, emprisonnement éventuel, suspension ou annulation de permis de conduire, retrait de points).
Ne vous risquez donc pas à « profiter » du fait que vous accompagnez votre enfant pour, par exemple, dépasser le seuil d’alcoolémie toléré.